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Et bien pour baptiser ton joli blog et pour honorer cette fabuleuse idée de café littéraire, je vais répondre à cette question même si je te l'ai surement déjà dit.
Comme pour moi ( avis totalement subjectif ) un livre doit plaire aussi bien sur le plan de ce qu'il raconte que de la manière dont il le raconte mais qu'il doit aussi engendrer chez son lecteur une sorte de transformation viscérale et intellectuelle indéfinissable mais néanmoins appréciable et observable, je pense que l'oeuvre qui de loin a changé ma vie et plus encore ma perception des choses, celle qui a joué le rôle d'un véritable soutien à maintes reprises au cours de mon existence, celle qui m'a permis de sortir de la quotidienneté et de son cortège d'habitudes tout en me permettant de mieux comprendre la réalité à laquelle j'appartiens, et a fortiori l'auteur qui a su trouver les mots qui me parlent et qui m'ont fait réagir dans les moments difficiles, ce chef-d'oeuvre de la littérature étrangère sorti des confins de mes lointaines origines est sans conteste : Le Livre de l'intranquillité de Bernardo Soares de Fernando Pessoa.
Pour justifier ce choix qui en réalité s'est imposé de lui-même, je dirais simplement que ce recueil d'aphorismes, de maximes, de textes plus où moins courts, à la fois poétiques, philosophiques, spirituels et engagés condense tout ce qu'une oeuvre littéraire digne de ce nom peut contenir. Même les imperfections de la traduction ne saurait réduire l'intérêt et la précision de la "substantifique moelle" de ce livre. Ecrite de la main du semi-hétéronyme de Pessoa, "Bernardo Soares", cette oeuvre, même dans son aspect fragmentaire, raconte en filigrane l'histoire de ce narrateur/personnage ou plutôt sa vie intellectuelle. Ainsi on passe au gré des mots d'une idée à une autre, le texte reproduisant le chaos de la pensée et trahissant les obsessions de "l'auteur". On comprend petit à petit l'histoire de ce personnage insomniaque et mélancolique et sa manière de voir le monde gorgée d'un "pessimisme" salvateur et plus positif qu'il n'y paraît. Les sujets sont multiples : art, rêve, littérature, sens, pensée, ... C'est le genre de livre qu'on pose sur sa table de chevet et qu'on ouvre à l'occasion pour lire un passage à voix haute, le genre d'oeuvre qu'on peut commencer par la fin et picorer à notre guise. Et enfin c'est un texte qu'on a jamais fini de lire, comprendre et analyser, qui nous apporte toujours des choses nouvelles et qui nous rend plus attentifs aux choses agréables ou non qui nous entourent. Aujourd'hui encore, cette oeuvre me surprend car dans ce magma de pensées et de paradoxes existentiels se cache à mon sens la véritable vision du monde et de l'être humain à la fois objective car dénuée de compassion ou de dégoût exacerbé et subjective car tout droit sortie d'un sujet pensant à la fois être vivant ( Fernando Pessoa) et être de papier ( Bernardo Soares ). A mon sens, on touche avec cette oeuvre à la quintessence de la littérature. Et elle est l'illustration parfaite de cette citation de Pessoa que j'adore : «La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas.»
«La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas.»
[ Fernando Pessoa ]
